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Sœur de France, frère de Turquie…

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Dans quelle mesure le manque de sincérité du pays médiateur, le comportement naïf du pays en conflit ont-ils retardé la paix ?

Alors que les hostilités se poursuivent sur le territoire de l’Azerbaïdjan, le thème de la guerre dans le Caucase reste d’actualité, surtout en France. La presse française portera une attention particulière à cette question liée à l’Arménie jusqu’au bout. Parce que la France considère l’Arménie comme un allié dans cette région. Ces jours-ci, on voit que les relations de la France avec l’Arménie n’étaient pas seulement une simple alliance, mais aussi une alliance stratégique. Il semble aussi que la question a aussi des liens historiques et spirituels, et nous reviendrons plus tard à ce sujet…

La France était l’un des trois coprésidents du Groupe de Minsk de l’OSCE créé pour résoudre le conflit du Haut-Karabakh dans le Caucase. Mais en tant que pays qui reconnaît l’Arménie comme un allié stratégique. Ce mandat des coprésidents du groupe de Minsk de l’OSCE est en vigueur depuis le 1er janvier 1997. Pouvez-vous imaginer que les pays qui ont été mandatés pour assurer la paix dans la région depuis 23 ans, l’Allemagne, la Suède, l’Italie, le Royaume des Pays-Bas, le Portugal, la Turquie et la Finlande, ainsi que les États-Unis, la Russie et la France, qui sont membres du groupe et dirigent leurs activités, en tant que coprésidents, n’ont rien fait pour résoudre le conflit et parvenir à la paix. Lors de l’élection des présidents du groupe de Minsk de l’OSCE, l’Arménie et la Russie n’étaient pas d’accord pour que la Turquie fasse partie des coprésidents. L’argument était que la Turquie appelle l’Azerbaïdjan « un pays frère » et agit en tant que partie au conflit. La France considère également l’Arménie comme un pays frère, mais ce fait ne l’a pas empêchée de devenir l’un des coprésidents. À l’époque, le gouvernement azerbaïdjanais pensait qu’il serait plus facile de persuader l’Arménie de faire la paix si des pays comme la Russie et la France, qui entretiennent des relations particulièrement étroites avec l’Arménie, jouaient un rôle décisif. Cela était, bien sûr, une approche naïve. De plus, pendant toutes ces années, la France a eu de larges liens économiques avec l’Azerbaïdjan, des milliards d’investissements, et maintenant le gouvernement de l’Azerbaïdjan – d’abord Heydar Aliyev, puis son fils Ilham Aliyev – estime que ces intérêts économiques peuvent amener la France à parvenir plus rapidement à une paix permanente dans la région. Cela était aussi une approche naïve, mais je ne considérerais pas cela comme une simple naïveté.

Les médiateurs ont écarté les thèses du président arménien le plus sage des années 1990, Levon Ter-Petrossian, et ont pris comme base les revendications maximalistes des Arméniens. En fait, bien que Ter-Petrossian n’ait pas satisfait les deux côtés pour assurer une paix durable dans la région, il a insisté sur des compromis qui pourraient calmer les émotions des deux côtés. En raison de cette approche, la Russie a activé sa base politique en Arménie, a envoyé Ter-Petrossian à la démission et les « faucons » ont été conduits au pouvoir. Les chefs des campagnes militaires qui se trouvaient au Karabakh étaient : Robert Kotcharian et Serge Sarkissian. D’abord Robert Kotcharian, puis Serge Sarkissian ont poursuivi une ligne politique unique en tant que président de l’Arménie, qui n’a pas réussi à assurer une paix durable dans la région. Quelles thèses Levon Ter-Petrossian a-t-il avancées ? Quelle a été l’euphorie politique qui a conduit à sa démission que Ter-Petrossian considérait ces relations comme mauvaises ?

Avant d’être contraint de démissionner en 1997, le président arménien Levon Ter-Petrossian avait écrit :

« – La première erreur est que, soi-disant l’adversaire du Karabakh est l’Azerbaïdjan, et il est très facile de le mettre à genoux. En fait, le rival du Karabakh est la communauté mondiale, et nous l’avons effectivement mis au défi. Rejeter cette simple réalité, c’est soumettre le peuple à de sévères épreuves ;

– La deuxième idée fausse est que depuis que le Karabakh a gagné la guerre, il n’y a pas besoin de compromis. Malheureusement, le Karabakh a gagné la bataille, non la guerre.

La guerre est gagnée lorsque l’adversaire se rend complètement. Identifier la guerre et la bataille entraîne à plusieurs reprises au désastre ;

– Troisième erreur : si nous avons tout réalisé jusqu’à présent, nous continuerons à réussir. Autrement dit, si nous avons jusqu’ici remporté la victoire sur l’Azerbaïdjan, cela continuera de l’être, si nous avons jusqu’ici résisté à la pression extérieure, nous continuerons de le faire. À mon avis, c’est la plus dangereuse des fausses pensées. Ceux qui pensent ainsi ignorent les règles élémentaires de la logique. Si les victoires futures étaient conditionnées par les victoires du passé, alors ceux qui avaient gagné une fois ne seraient jamais vaincus. Par exemple, l’Empire romain ne serait jamais détruit. »

Ter-Petrossian préférait une politique pragmatique en avançant ces hypothèses. Arméniens et Azerbaïdjanais n’ont pas d’autre choix que de vivre ensemble dans la région. Les pays voisins ne peuvent être des ennemis éternels. Bien sûr, tout au long de l’histoire du monde, il y a eu des conflits militaires entre pays voisins, ou les conflits militaires sont plus fréquents entre pays voisins. Mais un résultat positif et constructif est que la paix obtenue ne doit pas être conçue pour humilier la dignité et la fierté d’aucune des parties. Les forces qui sont arrivées au pouvoir après avoir renversé Ter-Petrossian croyaient qu’il était possible de briser la fierté de l’Azerbaïdjan et de le convaincre d’une paix humiliante, et avec le temps tout irait bien.

La France, qui a rejoint le processus de paix à cette époque, en tant que sœur aînée de l’Arménie, devait comprendre cette logique historique simple et utiliser ses opportunités au mieux de ses capacités. En d’autres termes, la France a en fait rejoint le processus, non en que sœur aînée de l’Arménie, mais de Kotcharian, Sarkissian et Pachinian. Cela était une grande erreur.

L’Arménie et l’Azerbaïdjan sont des pays voisins. Pendant longtemps, ces deux peuples ont vécu paisiblement. Exactement la moitié du village où j’ai passé ma jeunesse était azerbaïdjanaise et l’autre moitié arménienne, et il n’y a jamais eu d’affrontements, de disputes ou de querelles ethniques dans ce village. Je ne veux pas rappeler l’histoire lointaine, c’est-à-dire les années sombres, sanglantes et hostiles du siècle dernier, comme 1905 et 1918, où nous avons vécu en oubliant les événements sanglants de ces années.

La prochaine thèse de Levon Ter-Petrossian adressée aux hommes politiques arméniens était : « L’Arménie est frontalière de la Turquie d’une part, et de l’Azerbaïdjan d’autre part. Ne pas parvenir à la paix avec ces deux pays ne promet rien de bon pour l’Arménie ».

Les Azerbaïdjanais se considèrent comme les habitants permanents du Caucase. Indépendamment de qui écrit quels livres d’histoire et pour quelles raisons politiques, les Azerbaïdjanais y vivent depuis l’Antiquité jusqu’à l’histoire écrite du Caucase. Vous ne pouvez attaquer aucune nation avec la phrase « vous n’êtes pas ici et vous devez partir d’ici ». Seul Staline pouvait le faire. Il a déporté plus de 200 000 personnes de l’Arménie actuelle, ainsi que de nombreux autres peuples au sein du gouvernement soviétique – les Tatars de Crimée et les Tchétchènes du Caucase du Nord. La moitié à la République d’Azerbaïdjan et l’autre au Kazakhstan, à l’Ouzbékistan, le Tadjikistan et à d’autres pays d’Extrême-Orient. À propos, plus de 200 000 Azerbaïdjanais ont été expulsés d’Arménie en 1988-89, et l’Arménie est devenue un État monoethnique. Mais oublions cela, ne les laissons pas faire l’objet de la controverse d’aujourd’hui, car ce sont des points qui compliquent la communication.

Il est nécessaire de parler des points qui facilitent la communication. Depuis 23 ans, les États qui s’intéressent à la stabilité politique dans la région n’ont pu ou n’ont voulu rien faire pour parvenir à la paix. Or, par exemple, en France, dans la rhétorique des principaux médias, et même des hauts fonctionnaires du gouvernement (dont le président), il semble que les médiateurs se soient joints au processus, définissant leurs sympathies comme une guerre « chrétienne-musulmane ». Si nous regardons cela dans ce contexte, les trois pays médiateurs sont des pays chrétiens ! De plus, savez-vous dans quels trois pays du monde se trouve le plus grand nombre d’Arméniens et la diaspora arménienne la plus forte ? Trois pays qui ont reçu un mandat de coprésidence pour résoudre le conflit du Haut-Karabakh : la France, les États-Unis et la Russie !

La France considère l’Arménie comme sa sœur, la Russie a choisi son camp en signant des accords stratégiques de coopération militaro-politique avec l’Arménie, et les États-Unis ont le lobby arménien le plus puissant du monde.

Mais le conflit n’est pas résolu depuis 23 ans. Et il ne pourra pas être résolu avant 23 ans. Pourquoi  ?

Premièrement, parce que l’Azerbaïdjan, la plus grande République du Caucase, est le pays le plus fort sur le plan économique. Au moins deux des pays médiateurs, les États-Unis et la France, y ont d’importants projets économiques. La France a un intérêt dans les oléoducs et gazoducs qui traversent la zone de conflit :

Total détient 5% du consortium exploitant l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan et 10% du gazoduc Bakou-Tbilissi-Erzurum. Total détient une participation de 40% dans l’exploration et le développement conjoints de la structure pétrolière Abşeron dans le secteur azerbaïdjanais de la mer Caspienne.

45 entreprises françaises, dont de grandes entreprises telles que Suez, Total et Thales, sont des partenaires importants dans de nombreux projets financés par l’État en Azerbaïdjan.

L’Azerbaïdjan représente 62% du commerce total de la France avec les trois pays du Caucase du Sud. L’Azerbaïdjan a investi 2,6 milliards de dollars en France et la France a investi plus de 2,2 milliards de dollars dans l’économie azerbaïdjanaise.

La Russie, en revanche, veut un Azerbaïdjan faible, une Arménie faible qui a une position militaire victorieuse contre l’OTAN et la Turquie, et un conflit ethnique permanent entre les deux pays. La prolongation du conflit offre un contrôle favorable aux États ayant des intérêts économiques et militaires dans la région, même s’ils sont des médiateurs mandatés.

L’image de l’Azerbaïdjan en Occident échoue, car il y a un régime et un dictateur qui ne respectent pas les libertés humaines. Mais il faut tenir compte de cela : ce n’est parce qu’un dictateur est à la tête d’un pays, que ses territoires peuvent être enlevés, la psychologie des peuples se plie jusqu’à une période, la dépression s’approfondit, et un jour l’été reviendra… L’Azerbaïdjan n’est pas le pays d’un dictateur, mais le pays du peuple azerbaïdjanais. Imaginez, par exemple, que 20% du territoire français soit occupé et qu’on vous dise d’accepter votre sort et d’accepter cette perte. (Il y a eu de nombreux épisodes de ce genre dans l’histoire de France). Probablement, le peuple français ne sera pas d’accord avec cela et se battra… Maintenant, les volontaires azerbaïdjanais combattent aux côtés de l’armée dans la guerre pour l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan. La réponse la plus autoritaire au matériel de propagande aussi stupide que les « mercenaires syriens » circulant en Occident est celle-ci : Les volontaires azerbaïdjanais se rendent dans la zone de combat dans un flux si massif que seuls deux des cinq corps d’armée relevant du ministère de la Défense sont impliqués dans ces opérations, et les trois autres sont en réserve. (Le corps fait partie de l’armée, qui regroupe 15 à 20 000 militaires).

Pourquoi un pays avec 50 000 à 60 000 soldats et plus de 300 000 soldats dans les réserves engagerait-il des mercenaires d’un désert lointain ?

Il y a deux camps dans cette campagne militaire. L’Azerbaïdjan et l’Arménie qui occupe 20% de son territoire. Ces derniers jours, l’Arménie a bombardé des colonies azerbaïdjanaises loin de la zone de conflit. Le but n’est pas de provoquer la peur ou d’obtenir une prédominance militaire. L’objectif est que les forces armées azerbaïdjanaises bombardent l’Arménie et que l’Alliance du Traité de sécurité collective dominée par la Russie soit impliquée dans le conflit militaire.

La Russie, d’autre part, est toujours prudente militairement et politiquement, et la raison principale en est de punir Pachinian, qui n’est pas allé avec Poutine… (nous en reparlerons plus tard).

Ganimat Zahid
Rédacteur en chef du journal Azadlig
Directeur général de Turan TV

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